Une symbolique contestataire
Le Professeur et sa bande de braqueurs se présentent moins comme des voleurs que des rebelles, qui font chauffer la planche à billets mais ne s’en prennent pas aux économies du peuple. Ils sont, certes, chacun à leur manière, des laissés-pour-compte, des marginaux, des criminels, mais bien moins « coupables » que les banquiers et dirigeants des banques centrales. Ils s’habillent avec une combinaison rouge qui rappelle celle des prisonniers de Guantanamo et portent un masque inspiré de l’effigie de DalÃ… qui fait furieusement penser à celui des Anonymous. La Puerta del Sol et les Indignés sont directement cités par le Professeur, qui explique être lui-même petit-fils de partisans italiens et finit par entonner leur chant, Bella ciao – séquence accompagnée d’images d’archives sur les crises financières du passé. La somme astronomique visée par les braqueurs (2,4 milliards d’euros) est volontairement exagérée, pour dénoncer la folie de la spéculation financière.
Déjà utilisée par l’américaine Mr Robot, cette symbolique ne fait pas pour autant de La Casa de papel un brûlot politique. Elle lui offre une réjouissante aura contestataire, mais revient vite à des considérations plus terre à terre – ses héros rêvent plus de s’offrir une vie luxueuse, de profiter au maximum de leurs millions, que (Plus de conseils) de modifier en profondeur la société espagnole. Par ailleurs, l’impact d’un tel casse sur les finances du pays – donc, par ricochet, sur la population – n’est jamais discuté.